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Par Assia Chikh

 Ce que ton agitation intérieure te murmure en ce mois béni…


“Je ne comprends pas… Ramadan devrait m’apaiser, me purifier, me rendre meilleure… mais au lieu de ça, je suis à fleur de peau. Pourquoi est-ce que je ressens autant d’émotions ? Pourquoi est-ce que je perds patience alors que je devrais être dans la maîtrise ?”

Si cette pensée t’a traversé l’esprit, sache que tu n’es pas seule. En tant que thérapeute, j’ai entendu ces mêmes mots de nombreuses personnes. Et si ce que tu vis n’était pas une faiblesse, mais un processus nécessaire ?

Car voici un fait que l’on oublie souvent : Ramadan n’est pas un simple exercice de contrôle. C’est une rencontre avec soi-même. Et cette rencontre, parfois, secoue plus qu’elle n’apaise.

1. Ce que la science nous dit sur le lien entre jeûne et émotions

Si tu as remarqué que tes émotions étaient plus vives pendant Ramadan, sache que ce n’est pas une impression. C’est scientifiquement prouvé.

Mais la colère n’est pas un mal en soi. C’est un signal, un indicateur. Elle parle d’un manque, d’une frustration, d’un attachement à ce que nous voudrions différent.

🔹 Le jeûne impacte directement le cerveau. Des études en neurosciences montrent que lorsqu’on prive le corps de nourriture pendant plusieurs heures, le système limbique – le siège des émotions – devient plus actif. C’est lui qui gère la peur, la colère, la tristesse… et il se trouve en état de vigilance accrue.

🔹 La dopamine et la sérotonine fluctuent. Le manque de sucre et de certains nutriments influence nos neurotransmetteurs. Résultat ? On peut se sentir plus irritable, plus sensible, plus vulnérable. 

🔹 Le cortisol (hormone du stress) peut augmenter. Ce qui explique pourquoi on peut se sentir plus tendue, plus réactive… et que nos émotions paraissent plus intenses que d’habitude.

En résumé : ton cerveau est en train de gérer un changement important, et cela a un impact direct sur ton état émotionnel.

2. Pourquoi Ramadan réveille ce que l’on a mis sous le tapis ?

Au-delà de l’aspect biologique, il y a une réalité que l’on ne peut pas ignorer : Ramadan nous met face à nous-mêmes.
Mais quand tout cela s’arrête, ce que l’on avait enfoui remonte à la surface.

En thérapie, j’ai souvent entendu des femmes me dire :

🗣 “Je ne me reconnais plus, j’ai l’impression d’être en colère contre tout et tout le monde.”

🗣 “Je me rends compte que je suis fatiguée en permanence… et que depuis le début du mois béni Ramadan ce que l’on voit de moi c’est fatigue, lassitude et agacement. C’est juste l’opposé de ce que je veux inculquer à mes enfants.”

🗣 “Pourquoi est-ce que je pleure alors que je devrais être en paix ?”
Et si Ramadan n’amplifiait pas tes émotions… mais révélait ce qui était déjà là ?

3. Apprendre à traverser l’émotion au lieu de la fuir

Le problème, ce n’est pas ce que tu ressens. C’est ce que tu fais de ce que tu ressens.
Face à l’émotion, on a souvent deux réactions :

🔸 La répression : “Je ne devrais pas ressentir ça, ce n’est pas bien, je vais essayer de l’ignorer.”

🔸 L’explosion : “Je suis à bout, je vais finir par crier ou par pleurer parce que c’est trop.”

Mais il y a une autre voie : l’accueil.

💡 En neurosciences, on sait que les émotions ne durent que 90 secondes physiologiquement. Ce qui les prolonge, ce sont nos pensées, nos jugements, notre résistance. 

Alors, au lieu de lutter, essaye ceci :

1️⃣ Identifie l’émotion. “Là, je ressens de l’agacement. Là, je ressens de la fatigue.” La nommer, c’est déjà la comprendre.

2️⃣ Respire et fais une pause. Oui, ça a l’air simple. Mais ça change tout. Une respiration profonde envoie un signal à ton cerveau pour calmer le système limbique.

3️⃣ Demande-toi ce que cette émotion essaie de te dire. Ai-je besoin de repos ? De solitude ? De me sentir entendue ?

4. Ramadan n’est pas un test, c’est une révélation

On a souvent cette vision erronée que Ramadan est une épreuve, un test à réussir.

Mais ce n’est pas une question de performance.

C’est un processus qui nous dépouille de ce qui n’est pas essentiel, qui met en lumière ce que l’on a besoin de voir.

Si tes émotions sont plus fortes, c’est peut-être le signe que quelque chose en toi a besoin d’être entendu, d’être soigné.

Alors, au lieu de culpabiliser, pose-toi cette question :

“Et si ces émotions étaient là pour me guider, plutôt que pour me punir ?”

5. Et maintenant, on en parle ensemble ?

Ramadan est un voyage intérieur, et parfois, on a besoin de ne pas le traverser seule.

Si cet article a résonné en toi, si tu ressens ces émotions mais que tu ne sais pas comment les apaiser… je suis là pour en parler.

📩 Tu peux m’écrire en DM ou venir nous rejoindre sur canal Telegram où je partage d’autres réflexions et outils pour mieux vivre ses émotions.

Parce que parfois, être écoutée, c’est déjà le début de la guérison.

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Rédigé par Assia Chikh