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Par Assia Chikh

Colère et Ramadan : quand le jeûne révèle nos tempêtes intérieures


Vous le savez, mais ça n’empêche rien. C’est Ramadan. La journée a été longue, le ventre vide, la gorge sèche, et la fatigue pèse. Vous avez tenu bon toute la journée, mais là, il suffit d’un rien : un enfant qui traîne, un mari qui pose une question au mauvais moment, une casserole qui déborde… et la colère fuse. Un mot de trop. Un ton qui monte. Puis, la culpabilité.

Pourquoi, alors que nous jeûnons pour nous purifier, la colère semble-t-elle plus présente que jamais ?

La colère : un miroir de ce que nous devons travailler

Le jeûne met à nu ce que nous avons d’ordinaire le luxe d’ignorer. Sans nourriture, sans café, sans distractions, nos émotions surgissent brutes, sans filtre. Et parmi elles, la colère.

Mais la colère n’est pas un mal en soi. C’est un signal, un indicateur. Elle parle d’un manque, d’une frustration, d’un attachement à ce que nous voudrions différent.

Or, qu’est-ce que le Ramadan, si ce n’est un rappel constant que nous ne contrôlons rien, si ce n’est notre propre attitude face aux épreuves ?

Le Prophète ﷺ nous a enseigné : « Le fort n’est pas celui qui terrasse les autres dans un combat, mais celui qui sait se maîtriser dans un moment de colère. » (Boukhari et Mouslim).

Se maîtriser ne signifie pas réprimer. Cela signifie comprendre ce que la colère vient réveiller en nous et la réorienter.

Trois façons de transformer la colère en élévation spirituelle:

1. Se rappeler qu’Allah est Maître du temps et des événements Quand la colère monte, posez-vous cette question :
« Si je crois en Allah, alors pourquoi est-ce que je réagis comme si cette situation ne devait pas exister ? »
Respirez. Et faites confiance.

2. Faire du dhikr au lieu de laisser la colère s’exprimer
Au lieu de laisser la parole ou le geste dépasser votre intention, prenez un moment pour respirer, changer de position et réciter une invocation. Faites la prière sur le Prophète ﷺ ou dites simplement Al-istighfar (Astaghfirullah). Cette simple action vous ancre et vous rappelle que vous avez le choix à cet instant : nourrir la colère ou nourrir votre âme.

3. Accepter que tout n’a pas besoin d’être sous notre contrôle
La colère naît du désir de maîtrise absolue. Mais Allah nous rappelle : « Il se peut que vous détestiez une chose alors qu’elle est un bien pour vous. » (Sourate Al-Baqara, v. 216).
Apprendre à dire « Alhamdulillah ‘ala koulli hal » (Louange à Allah en toute situation), même quand c’est dur, change tout. C’est une reconnaissance que ce qui arrive a un sens, même si nous ne le comprenons pas encore.

Ramadan de sérénité commence ici.

Vous n’êtes pas seule dans ce combat. Apprendre à gérer ses émotions est une forme d’adoration, un cheminement vers une foi plus profonde.

Si vous sentez que la colère vous dépasse, si vous avez du mal à trouver cet équilibre entre patience et expression de vos ressentis, je vous accompagne sur ce chemin. Parce que maîtriser sa colère, c’est s’élever spirituellement et s’offrir une vie plus apaisée, pour soi et pour ceux que l’on aime.

Et si nous avancions ensemble ?


Rédigé par Assia Chikh